Camille, future étudiante de la promo 2020-2021 de l’Ecole d’Agroécologie Voyageuse, partage ici la manière dont le projet est une boussole pour elle entre confinement et déconfinement.
Je suis ingénieure agronome. Après un service civique, je fais le choix de faire partie de l’Ecole d’Agroécologie Voyageuse en tant qu’étudiante de la première promotion. Je partage ici quelques-unes de mes réflexions concernant l’intérêt de l’Ecole pour moi. Depuis mon premier article, j’ai fait un peu de chemin, avec l’Ecole d’Agroécologie Voyageuse comme boussole !
Comment, en tant qu’ingénieure agronome un peu « hors sol » mais passionnée d’agroécologie, puis-je aider à la transition et retrouver un lien au sol ?
En multipliant les expériences, me direz-vous !
Effectivement, j’ai besoin d’aller approfondir certains des systèmes agroécologiques innovants dont on m’a parlé ou pas pendant ma formation. Et d’avoir un aperçu concret des défis associées à ces systèmes, des difficultés et leurs solutions. En mettant les mains dans la terre, en m’impliquant dans la vie des fermes qui m’accueilleront, et en aidant des agriculteurs qui souhaitent faire évoluer leur système. Mon projet de vie est, dans un premier temps, d’accompagner des paysans dans l’évolution de leur système, puis de moi-même devenir paysanne dans un second temps. Il est indispensable pour moi de gagner en compétences.
L’Ecole d’Agroécologie Voyageuse (EAV) de l’association Les Agron’hommes vise justement à apporter ce complément de formation et permettre de structurer un projet cohérent avec un vrai impact. Quand Opaline m’a parlé de l’EAV pour la première fois il y a moins d’un an, cela a résonné avec ma recherche… Echo qui s’est amplifié au cours des mois, à la suite du premier séminaire de janvier 2020 et avec les réflexions que j’ai pu avoir ces mois de confinement. Je ferai donc partie de la joyeuse équipe de la première promotion de l’EAV en septembre !
Ce que m’ont apporté jusqu’à maintenant mes quelques expériences auprès de paysans en agroécologie
Enormément de choses. Pour en citer seulement quelques-unes : j’ai pu approcher la multiplicité des métiers du paysan (bien plus que produire !) et le rôle clé de la connaissance, de l’expérience. Une phrase de Nicolas Gorin, paysan en Bretagne en agriculture de conservation, me revient régulièrement : « Quand tu n’as pas la connaissance à l’hectare, tu passes à côté de certaines choses ». Il souligne bien l’enjeu central de la connaissance et de son partage. Cette connaissance passe notamment par l’observation, l’expérimentation et l’ouverture à l’expérience des autres paysans. J’en ai parlé dans mon premier article. D’ailleurs, certains disent que les systèmes agroécologiques sont intensifs en connaissance.
Dernièrement, après le déconfinement, je suis allée un après-midi dans une ferme en Limousin pour donner un coup de main dans le quotidien de cette ferme, grâce à une paysanne passionnée et très pédagogue. Ce très chouette après-midi a été l’occasion de confirmer que, plus qu’un intérêt, c’est vital pour moi de contribuer à faire pousser des systèmes agricoles plus durables et régénératifs, basés sur l’agroécologie ! Et que pour cela, je dois développer mes compétences.
Quelle est ma motivation à m’engager dans l’agroécologie ?
Qu’est-ce que vous avez mangé aujourd’hui ? Savez-vous qui a produit les aliments que vous avez mangé, et comment ils ont été produits ? L’agriculture est l’un des piliers de nos sociétés, par l’un de ses premiers rôles : nous nourrir.
La modernisation dans ce secteur a contribué à construire nos sociétés, telles qu’elles sont actuellement. Et elle a permis notamment de nourrir une grande partie de la population des pays occidentaux en quantités plus que suffisantes. En parallèle, cette agriculture moderne, basée sur une utilisation intensive d’intrants, a eu et continue d’avoir des impacts négatifs (perte de biodiversité, changement climatique…). De plus, il y a un enjeu important concernant la reprise des fermes et l’installation de nouveaux paysans. Est-ce qu’on peut continuer à produire de la nourriture et fournir d’autres « services écosystémiques » (ex : qualité des aliments, séquestration de carbone, participation à la vie en milieu rural…), mais autrement ? De nombreuses alternatives qui ont émergé, que certains associent au terme « agroécologie », démontrent que oui. Difficile de vous donner LA définition de l’agroécologie, car j’ai la conviction qu’il y a presque autant de définitions que de personnes qui la définissent avec de petites ou (très) grandes différences entre les personnes. Et cette définition peut évoluer.
Pour résumer ma vision de l’agroécologie d’un point de vue pratique, elle vise à concevoir, mettre en place, faire vivre et évoluer des systèmes agricoles régénératifs, basés sur les processus naturels, diversifiés et viables. C’est aussi travailler avec la nature, en prendre soin, en tant que partie d’un écosystème, pour faire bien plus que produire de la nourriture. Les paysans sont au cœur de cette dynamique. La connaissance, l’innovation et l’adaptation au cas par cas et dans le temps sont donc des piliers dans la transition vers des systèmes agroécologiques. Je retrouve, dans ce que prône l’EAV, la majorité des valeurs que j’associe à l’agroécologie.
Qu’est-ce que l’EAV ? Qu’est-ce qui m’a poussée à y candidater et en faire partie pour la première promotion ?
L’EAV a pour mission d’inspirer et former les nouvelles générations de paysans et ambassadeurs de la transition agroécologique, au travers d’un parcours dans des fermes. Pour cela, elle propose une démarche innovante. Sur une année, elle permet à chaque étudiant de construire son projet de parcours dans des fermes, de vivre ce parcours et d’avoir un impact. Cet impact se décline de différentes manières : communication tout au long du voyage, valorisation auprès d’un financeur, aide aux agriculteurs qui souhaitent faire évoluer leur système…
L’EAV est donc intéressante pour des étudiants qui souhaitent enrichir leur parcours agroécologique. Elle apporte un complément aux formations académiques. Pour moi, écouter, voir, comprendre, apprendre à interagir en pratiquant et en sortant de sa zone de confort sont des énormes coups de pouce dans l’apprentissage de savoir-faire, etc.
Les défis auxquels nous faisons face, y compris pour ce qui touche à l’agriculture et l’environnement, appellent à l’intelligence et l’innovation collectives, comme le souligne notamment Otto Scharmer du Presencing Institute dans un article très clair.
Le projet d’EAV constitue une innovation qui suit ce principe d’intelligence collective. Comme nous l’avons expérimenté lors du premier Séminaire en janvier. Ce projet s’appuie sur tout son écosystème qui s’enrichit peu à peu : étudiants, paysans à différents « stades » dans leur transition, équipe pédagogique, parrains, mentors, communauté… pour former les premières promotions, puis essaimer le principe dans d’autres territoires.
Un des points forts, pour moi, est la prise en compte de la diversité
Diversité des étudiants et de leurs besoins, diversité des fermes accueillant, … De fait, les étudiants construisent leur propre projet : du choix de la thématique (exemple : maraîchage sur sols vivant) et du temps passé sur chaque ferme, jusqu’au choix de ce à quoi ils veulent contribuer. Les étudiants qui ont déjà été accompagnés par l’EAV le soulignent (quelques exemples : Hugo, Pablo).
Les étudiants ne sont pas seuls dans la construction de leur projet et dans leur parcours. Le coaching par l’équipe pédagogique permet de se poser les bonnes questions, et des tuteurs ayant une expérience dans certains des champs des pratiques agroécologiques peuvent répondre à des questions d’ordre « technique ».
Enfin, je trouve la notion d’échange et de partage très intéressante. Les étudiants, en échange d’un soutien financier à leur parcours dans l’EAV, s’engagent en retour à partager ce qu’ils ont appris, à contribuer, et à répondre à un besoin de la part du financeur. Cette notion d’échange se retrouve d’ailleurs dans le financement participatif pour le lancement de l’EAV.
Ce dont le monde a besoin selon moi ?
C’est de plus de conscience (conscience de soi, des autres humains et non humains), de se rendre compte de ce qui nous relie et moins ce qui nous différencie. De conscience dans ces gestes, ces « actions » qu’on considère comme machinal et acquis (manger, boire, se vêtir… écouter, observer, sentir, toucher, prendre le pouls de son environnement). Que ce monde a le besoin urgent de la transition agroécologique, mais que ça ne peut pas se passer sans l’intelligence collective et sans une remise en question de nos propres schémas de pensées et « dogmes »/idéologies. Et il a besoin de bienveillance et de solidarité : dans les rapports entre humains et entre humains et non humains. Ma place dans ce Monde ? Ce que je peux apporter ? Je ne sais pas encore, c’est pas très clair… J’ai des blocages, que je n’arrive pas à lever dès que je me mets à essayer de me projeter.
Est-ce que cela vous donne envie d’en savoir plus ? Et pourquoi pas de soutenir le lancement de l’EAV ?
Pour son lancement, l’EAV a besoin de votre soutien, pour accompagner la première promotion dont je ferai partie ! Nous en appelons à votre solidarité. Vous pouvez nous soutenir de différentes manières : en partageant notre initiative autour de vous, en suivant Les Agron’hommes et le projet de l’EAV (sur son site internet, page facebook, Instagram…), et/ou en soutenant le projet financièrement via le financement participatif sur KissKissBankBank. Et, bien sûr, vous êtes plus que bienvenu.e si vous souhaitez intégrer l’écosystème ! 😊 (devenir étudiant.e de l’EAV, accueillir sur sa ferme, financer les projets d’un.e étudiant.e…)