Le 24 janvier, nous avons planté deux lignes syntropiques au lycée agricole Kerlebost, en centre Bretagne. Il s’agit de ma troisième plantation depuis le début de mon aventure avec l’EAV. Seulement cette fois j’ai changé de posture, passant d’apprentie planteuse à co-encadrante de la plantation. En endossant ce rôle, nouveau pour moi, j’ai pu faire le plein d’apprentissages et prendre conscience du chemin déjà parcouru.
Cette année, en parallèle de mon parcours dans les fermes, je travaille avec le lycée Kerlebost de Saint-Thuriau. L’objectif est de présenter l’agriculture syntropique à une classe de 1ère STAV (Sciences et Technologies de l’Agronomie et du Vivant) et de réaliser une plantation avec elle. Une première rencontre, au mois de novembre, nous a permis de leur faire découvrir cette pratique. Curieux.ses d’en apprendre davantage sur cette pratique et de découvrir de nouveaux fruits, les élèves ont notamment choisi d’implanter des feïjoas, de la baie de mai et des amélanchiers dans leurs lignes. C’est à partir de ces choix que nous avons réalisé le design des deux premières lignes syntropiques de Bretagne !
Il y a quelques mois, l’agriculture syntropique m’était totalement inconnue. S’il s’agit d’un mode de production agricole, l’agriculture syntropique nous invite avant tout à repenser notre rapport au Vivant. C’est une pratique qui tend vers l’abondance en imitant les processus naturels et en les adaptant afin de remplir des objectifs de production. Il est aussi possible de considérer que l’agroforesterie successionnelle a pour vocation de « remplacer une agriculture d’intrants par une agriculture de processus » (stratification, succession, perturbation, densité). Ces éléments de définition, j’ai pu les acquérir notamment grâce à une formation réalisée à la Ferme du Bosquet et à deux plantations à l’Ecolieu Lacampagne et à la Ferme des Mawagits.
Riche de ces expériences et de ces apprentissages, j’ai pu réaliser avec l’aide de Charlotte, d’Opaline et du Hub Syntropique le design de la plantation à Kerlebost. Ainsi, lorsque le réveil a sonné à 5h50 le lundi 24 janvier, c’est avec beaucoup d’enthousiasme que je me suis levée pour cette nouvelle journée de plantation.
Au cours de cette journée, qui a commencé par deux heures d’explication des principes de l’agriculture syntropique et du design, de nombreuses discussions et débats ont émergés. Quelle est la viabilité de ce système qui demande beaucoup de main d’œuvre ? Pourquoi supprimer les intrants alors qu’ils permettent d’obtenir de bons rendements ? Comment adapter ce système venu d’Amérique du Sud à nos climats tempérés ? Par ces questions, les élèves ont mis en avant les défis que l’agriculture syntropique doit relever en France. La multiplication des expériences est un moyen pour faire avancer l’agroforesterie successionnelle, la remettre en question, l’adapter à chaque milieu et à chaque situation. Ainsi, la plantation à Kerlebost est une belle opportunité afin d’explorer la forme qu’elle peut prendre sur le territoire breton et pour, je l’espère, la voir se diffuser dans la région.
L’après-midi, nous avons laissé le formalisme de la salle de classe pour nos deux lignes en extérieur, un terrain de jeu plus propice aux échanges spontanés. En accompagnant les élèves dans cette plantation, j’ai pris beaucoup de plaisir à partager mes apprentissages passés et en cours. J’ai aussi pris conscience du chemin parcouru depuis le début de mon aventure, ce qui me donne de l’élan pour continuer à apprendre et surtout à diffuser mes découvertes.
Je remercie Françoise, Opaline et Chalotte pour leur confiance, et les élèves de 1ère STAV pour leur implication et leurs questions qui me font grandir !🙏
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