Une entreprise pour réunir les agriculteurs du Baviaanskloof

Louise Mancel, étudiante à l’ESA d’Angers, nous partage ici un écrit, après son départ du Baviaanskloof, en Afrique du Sud, l’un des lieux du réseau Les Agron’Hommes.

Deux petites heures de 4×4 sont nécessaires depuis la dernière ville pour rejoindre les bâtiments du DevCo, micro-industrie produisant des huiles essentielles dans une zone reculée au sud de l’Afrique du Sud. 

L’entreprise est une structure agricole commerciale fondée il y a deux ans pour permettre la mise en place d’activités rurales intégrées aux projets de rétablissement des paysages. 

Au cœur des préoccupations, les terres de la vallée du Baviaanskloof font l’objet d’importants travaux de restauration : écologistes, fermiers et investisseurs portent des objectifs et intérêts communs et dans ce contexte, le DevCo a une place unique.

Depuis des décennies les éleveurs de la région font pâturer leurs nombreux troupeaux de chèvres et de moutons sur les « velds ». Ces espaces sont caractéristiques des territoires sud-africains et sont définis par un relief peu marqué et un couvert d’herbes et arbustes. Le modèle des exploitations étant très extensif, les agriculteurs bénéficiaient jusque-là des ressources disponibles dans l’écosystème naturel et n’avaient pas nécessité à produire des fourrages. Cette pratique n’est plus durable aujourd’hui : d’une part, d’un point de vue environnemental, les paysages sont dégradés par la pression du bétail et le Baviaanskloof est en train de perdre une partie de son identité ; d’une autre, les sols appauvris et le climat très secs ne permettent plus une croissance suffisante des espèces végétales indigènes, les paysages se désertifient et il n’y a plus suffisamment de ressources pour les animaux dans les velds, les exploitations tendent à ne plus être viables économiquement.

Le DevCo a permis la diversification des productions agricoles dans le but diminuer le nombre total de bêtes dans la vallée. Cependant, initier un tel changement demande une grande souplesse pour l’entreprise et d’importants financements. Le DevCo peut compter sur de nombreux partenaires et a une structure et une organisation très singulière, à la hauteur de son rôle et du contexte dans lequel il s’insère. 

Compte-tenue sa position exceptionnelle, l’entreprise ne se contente pas de créer une nouvelle activité, elle est aussi présente comme structure de conseil et de recherche auprès des agriculteurs. 

Dans une vision très globale de ses responsabilités, le DevCo nous a proposé (à moi, Guillaume et Jacques, étudiants en école d’ingénieur agronome) comme mission d’étudier l’optimisation des parcelles irriguées. Le pâturage de haute densité peut être une alternative pour limiter la présence des animaux dans les velds en augmentant la productivité des espaces cultivés.