Un projet de coeur

Un projet de cœur, un projet humain, un projet de tout sens se dessine depuis peu sur l’écolieu Lacampagne, à Aillas (33). David souhaite mettre en place un atelier poules pondeuses avec 2 poulaillers mobiles dans un verger diversifié bio.

David et son atelier poules

Après une reconversion dans les énergies renouvelables, David a une profonde envie de changer de vie, de « créer » :  créer un lieu durable, vibrant le vivant, la terre saine et l’humain serein. Après quelques petites collines administratives, un BPREA en poche, un business plan à détailler… et let’s go ! En janvier 2021 le design prend forme, basé sur trois inspirations principales : « La biodiversité amie du verger » d’Evelyne Leterme, « Vivre avec la terre » de la ferme Bec Hellouin et « Agriculture de régénération » de Mark Shepard.

Dès le départ David fait des choix clairs : « Je n’avais pas envie de faire des arbres classiques types pommiers, poiriers et pêchers car la conduite est difficile en terme de produits phytosanitaires et taille. En revanche, je connaissais déjà le nashi et le feijoa, qui demande 0 intrant et 0 taille, très rustiques ! »

Peu à peu, le design s’affine et est pensé selon des principes d’agriculture syntropique. Le vivant tend vers cette apothéose de la complexité  par des successions naturelles de colonisation puis d’accumulation pour arriver à la cime de la vie : l’abondance. Un des maîtres mots dans la syntropie !

La syntropie c’est le cheminement du vivant vers l’abondance.

L’idée dans l’agriculture syntropique est de voir le vivant comme un film et de comprendre les processus naturels. Essayer d’imaginer à quoi ressemblera le design dans 5, 10 ou 20 ans ? Un sacré exercice de visualisation j’entends bien ! Il est alors crucial de se poser 2 questions : quel est le cycle de vie des végétaux, des arbres que je souhaite planter et quel est leur degré de besoin en lumière ?

Une autre branche clé dans la syntropie, c’est le mot « perturbation » : n’ayez plus peur de tailler, créé des perturbations telle une girafe élagueuse ! La taille c’est l’éternelle jeunesse, la régénération foliaire, elle stimule et accélère la croissance végétale. favorise la fixation du carbone. Ainsi, les arbres champêtres ont leur place dans un design. Leur rôle? Apporter de la matière organique par l’action de la taille (et ainsi être autonome, pas d’intrant) ! 

On prend donc davantage en compte la stratification (basse, moyenne, haute ou émergent) et les successions écologiques des végétaux (placenta, secondaire ou climax) dans le design.

La carte mentale

Automne 2021, une saison marquante pour l’écolieu Lacampagne !

Cette forêt comestible ainsi  multi étagée se présente sous 8 lignes, avec au total 30 variétés différentes ! Attention pas de lignes droites, David a suivi les lignes de courbes du terrain…ce qui rend le paysage puissamment harmonieux. Sur les lignes, les plantations sont désaxées selon les besoins d’exposition au soleil pour les végétaux (côté sud pour petits fruits et côté nord pour les feijoas par exemple). 

Le projet vue du ciel

Nous avons planté des arbres à coques (amandiers, pécaniers, pistachiers), des arbustes (néfliers du japon, grenadiers, figuiers), des arbres à fruits (feijoa, kaki, nashi, asiminiers) et enfin des petits fruits (argousier, aronia, goji, fuchsia, arbouse, mûre, framboise, amélanchier, ragouminier, caseille, chèvrefeuille, cassis, groseille)… Rien que ça ! Eh oui rappelons le : un chantier de 1 000 arbres !

Design en vue du dessus
Design en vue de coupe

Fin des plantations, l’étape bouture arrive : on veut des arbres champêtres pour pouvoir les tailler et produire de la matière organique sur place ou du BRF (bois raméal fragmenté). On plante alors ce qu’on trouve sur place, à proximité, en lisère forestière. On bouture principalement du peuplier et du saule puis on complète les lignes par des boutures d’érables, de sureau et même de forsythia.

Après quelques jours de chantier, le paysage s’est transformé, les poules découvrent tous les mois une nouvelle parcelle vivante au sein de nouveaux venus à tronc, sous l’œil de Kayla, gardienne des futures baies !

Kayla, en pleine action

Mais la plantation n’est pas encore terminée… On ajoute du BRF au pied des arbres et on paille. David me partage : « J’aime pailler les arbres, c’est comme mettre une couverture aux enfants au coucher pour qu’ils n’aient pas froid en hiver. »

L’étape finale est celle des… nids de graines ! Mais qu’est-ce donc ? Le rôle des nids de graines est de planter entre chaque arbres un maximum de graines pour booster les hormones de croissances, au moment de la germination, le réseau racinaire via les mycorhizes reçoit le message suivant : « c’est le moment de croître les copains ! »

Nous avons donc réalisé avec patience plus de 2 000 nids de graines sur les 8 lignes : des graines d’érable, de noisetier, de lilas, de tanaisie, de fenouil, de buddléia et de troène.

Plus qu’à patienter pour déguster un sorbet feijoa ou des figues déshydratées au bord de la Gironde : « Je vais être le seul à faire ça dans la région. Ma principale difficulté sera de faire connaître mes produits, il y aura en amont un beau travail de communication à faire ! »

David a pensé à tout :  les gens pourront venir cueillir directement chez lui des fruits jusqu’à la fin de l’ automne : « Les gens ont besoin d’aller cueillir des fruits frais. Par exemple, le feijoa, l’argousier et le kaki donnent des fruits pour fin novembre. Ainsi, ma cueillette est répartie de mai à fin novembre. Cette répartition étalée assure aussi mes revenus et une meilleure préservation des risques climatiques. »

Ce mois de novembre a été pour moi d’une richesse intérieure énorme. Apporter une aide dans la concrétisation d’un projet de cœur m’a nourri et m’a apporté un flux d’énergie ressourçant. Merci encore à David pour sa confiance en l’humain, en la vie. 🙏 🌱 🍀🌻